Le roman Komodo de David Van
Le culte Sukkuan Island (dont j’ai déjà parlé ici) fait partie des livres choc et inoubliables de ma vie. Avec ce dernier roman, Komodo (Éditions Gallmeister), David Vann nous offre les retrouvailles avec cet univers dans lequel la nature est un - sinon LE - personnage principal. Une nature pas forcément accueillante mais à la beauté hypnotisante.
L’histoire
Tracy est déjà au bout du rouleau quand, accompagnée de sa mère, elle rejoint son frère aîné, Roy, en formation d’instructeur de plongée sur l’île de Komodo, en Indonésie. Épuisée par la maternité, ses jumeaux qu’elle assume avec très peu d’aide de son conjoint, en pleine crise existentielle, Tracy croit embarquer pour des vacances et un bol d’air salutaires. La réalité s’avère... différente
Tension et explosion
Quelques bons petits dossiers familiaux, un lieu oppressant bien que sublime, des personnages au bout du rollmops… Voilà, comme souvent, la recette des romans de David Vann. Maître dans l’art de disséquer les familles dysfonctionnelles, il sème les indices pour une explosion annoncée : ce n’est pas parti pour bien se passer. S'étant construit avec le suicide de son père alors qu’il avait 13 ans, David Vann sait distiller une tension familière dans ses romans, tout en parvenant à toujours se renouveler.
Splendeur des fonds marins
Dans Komodo, les descriptions des plongées sous-marines sont éblouissantes, complètement cinématographiques. On les vit en immersion, sans être rebuté par l’aspect technique, comme l’évocation du matériel et les routines des plongeurs. Bien au contraire. Le paradis des mers du sud se déploie à travers la splendeur et la magie des fonds tropicaux. Les ondulations paresseuses des raies mantas, les mouvements gracieux et hypnotiques des poissons, un monde de silence, feutré, mais non dénué de violence. « Tant d’éléments de l’océan peuvent être mortels, pourtant si l’on se contente de flotter sans toucher, rien ne blesse jamais », songe Tracy.
Pourtant la rage bouillonne dans son esprit et dans ses tripes. Elle éclate de plus en plus souvent entre Tracy, Roy et leur mère. Une dynamique familiale toxique qui leur attire d’ailleurs l’hostilité des autres membres des expéditions de plongée.
Femme au bord de la crise de nerf
La colère de Tracy, un mélange de ressentiment, d’ambivalence maternelle et de colère froide la poussent peu à peu vers la tentation du passage à l'acte, incontrôlable. Ayant perdu de vue la femme qu'elle était, elle souffre de voir sa violence la submerger précisément dans un contexte de loisirs et de découvertes. Je n’en dis pas plus mais on peut saluer la précision et la pertinence avec lesquelles David Vann parvient à se glisser dans la peau d’une femme au bord du burn-out maternel.
Vous en voulez encore ?
Une courte vidéo dans laquelle il explique l’origine de Komodo et comment le roman prend racine dans sa vie.
Un article datant de l’époque Sukkwan Island pour comprendre d’où il vient : l’ancrage dans la nature d’Alaska, le suicide de son père alors qu’il était ado… Ça laisse des traces.
J’ai compilé les actions qui m’aident réellement à être efficace dans mon activité de conceptrice rédactrice. L’objectif : créer du temps, protéger sa concentration et gérer son énergie.